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Jaitapur dji nahi !

Publié le par road-movie

Jaitapur non merci !

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 La députée EELV Anny Poursinoff est intervenue le 9 février 2012 à l’Assemblée pour s’opposer à l’accord entre la France et l’Inde sur le nucléaire civil et manifester son soutien aux habitants de Jaitapur qui refusent l’implantation par Areva de deux centrales EPR sur une zone sismique à 400 kilomètres de Bombay. Ce texte devait passer sans discussions, mais à la demande des écologistes, l’opposition a pu obtenir un débat.

Le texte de l’intervention est ci-dessous :

 

Monsieur le Président, Monsieur le Ministre, Monsieur le rapporteur, Chers collègues,


Je remercie mes collègues de l’opposition qui, à notre demande, ont rendu ce débat possible. En effet, rien qui concerne le nucléaire n’est anodin. La Cour des Comptes vient d’ailleurs de donner raison aux écologistes sur les coûts cachés de cette industrie. On nous propose aujourd’hui de faciliter les échanges intellectuels sur le nucléaire civil entre la France et l’Inde.

En réalité, nous pouvons craindre que cet accord soit lié à l’implantation par Areva de centrales nucléaires EPR à Jaitapur, dans un réservoir de biodiversité et sur une zone sismique, à 400 kilomètres de Bombay, la métropole économique indienne. A quelques jours de l’anniversaire de Fukushima, après le rapport de l’Autorité de sûreté nucléaire qui prouve que les centrales n’ont rien d’infaillible, nos amis indiens eux-mêmes ont des doutes : ils ont demandé à Areva de renforcer la sécurité des systèmes informatiques.

En effet, dans un pays classé au quatrième rang des cibles terroristes, le risque d’attentat s’ajoute au risque d’accident. Or l’EPR est particulièrement dangereux. Il produit du plutonium et utilise du MOX, dont la radioactivité est multipliée de 5 à 7 fois par rapport aux combustibles à l’uranium.

Par cet accord, on nous demande donc de prendre le risque d’un nouveau Fukushima et d’un nouvel Hiroshima. Non, je n’exagère pas.

Vous le savez, l’Inde, comme le Pakistan, se sont dotées de l’arme nucléaire. Ces deux frères ennemis n’ont pas signé le Traité de non prolifération nucléaire. Vous le savez aussi, la France vend des armes à ces deux pays – rappelons-nous l’affaire Karachi ou la vente récente de plus d’une centaine d’avions de combat à l’Inde. Or cet accord sur la propriété intellectuelle pourrait ouvrir la porte à la cession de technologies susceptibles d’être utilisées à des fins militaires, qu’il s’agisse d’usines de retraitement et d’enrichissement de l’uranium ou de production de plutonium

Le groupe des fournisseurs nucléaires, en juin dernier, a pourtant interdit l’exportation d’installations sensibles à des pays qui n’ont pas signé le traité de non prolifération. On nous demande donc de prendre le risque de nous mettre en infraction avec les textes internationaux. Le gouvernement français est prêt à tout pour vendre des centrales !

Je le dis ici solennellement: j’espère que les négociations avec l’Inde sur le nucléaire n’aboutiront pas. La démocratie l’exige : la population locale s’oppose à l’implantation des centrales Areva. Un manifestant a déjà payé de sa vie ! La raison scientifique et économique l’impose aussi. Cinq ans de retard pour l’EPR en Finlande ! Quatre ans de retard à Flamanville ! Une addition qui n’en finit pas de s’allonger ! Pourquoi offrir à nos amis indiens un tel cadeau empoisonné ?

Notre coopération devrait se déployer autour d’activités pacifiques comme la lutte contre le réchauffement climatique, et non se concentrer sur des énergies de mort, la vente d’armements et la vente de nucléaire !

« Il faut sauvegarder les emplois d’Areva ! » vont protester mes collègues pro-nucléaires. Mais le transfert de technologies, dont l’Inde ne reconnaît pas les brevets, ne protégera en rien les salariés du nucléaire français. Les Indiens ont d’excellents scientifiques et d’excellents ingénieurs ! Quant à l’alibi du développement économique, il ne tient pas. Les populations locales ne bénéficient pas des emplois induits par le nucléaire, des études menées dans le Tamil Nadu l’ont montré. Les habitants de Jaitapur ne s’y laissent pas prendre: ils refusent d’être expropriés, ils ne veulent pas de ces centrales. Nous non plus !

Je vais essayer de le dire en Hindi : Jaitapur dji nahi ! Jaitapur non merci ! Le gouvernement français fait preuve d’une mauvaise foi criminelle. D’un côté il assure qu’il n’y a aucun risque avec le nucléaire, de l’autre il fait pression sur ses homologues indiens pour qu’ils modifient leur législation. L’Inde prévoit en effet que le constructeur d’une centrale soit responsable en cas de catastrophe. Après Bhopal, on comprend la prudence du gouvernement indien vis-à- vis de partenaires industriels occidentaux peu scrupuleux.

Or le Président de la république française lui-même a demandé au premier Ministre indien d’assouplir cette loi. Pourquoi ? Parce qu’Areva ne veut pas être tenue pour responsable d’un accident nucléaire à Jaitapur ? Nous non plus, nous ne voulons pas porter cette responsabilité. Mais la meilleure manière d’éviter un nouveau Fukushima, c’est de renoncer à construire ces centrales, qui sont situées, je le répète, sur une zone sismique... comme à Fessenheim ! Les écologistes français ont exprimé leur solidarité avec l’opposition de la société civile indienne. Je vous appelle, chers collègues, à faire de même, et à voter contre ce texte. En France comme en Inde, les générations futures doivent être préservées des désastres du nucléaire et de ses déchets.

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